La voici qui s'élance pour l'ultime voltige,

GRANDEUR ET DÉCADENCE


La feuille s'est fardée pour la grande parade :
Flamboyante et dorée, elle ne veut pas trahir
Sa jeunesse perdue au fil des estocades
Des soleils de l'été. Elle se sent envahir
Par la désespérance des jours qui sont comptés.
Autrefois verdoyante, autrefois audacieuse,
Dans le rouïssement de ses plis pigmentés,
Elle garde ses atours, fière et majestueuse.

La voici qui s'élance pour l'ultime voltige,
Son dernier tourbillon, quand de l'arbre porteur,
Elle largue les amarres. S'arrachant à sa tige,
Elle flirte avec la terre, qui d'un air enjôleur,
L'attire, et puis la happe avec célérité.
Et elle s'en va grossir, dans la mélancolie
La cohorte crissante, résidus de l'été,
De ses sœurs trépassées, déjà ensevelies.


André Michel Bénalal -16 novembre 1999

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